Les commentaires sur Internet. Sans doute la production textuelle la plus proliférante de l’histoire, sans doute également la plus édifiante sur nos viles passions. Pour autant, ces petits morceaux de texte restent lus et influencent nos achats, nos opinions et nos révoltes.
C’est à partir de ce constat que le gouvernement chinois a embauché une horde de commentateurs internet, connue sous le nom de Fifty Cent Party. Le sobriquet vient du fait que les membres de ce “parti” recevraient 50 centimes par post, soit environ 7 centimes d’euro. Leur mission, diffuser la propagande gouvernementale à longueur de journée… Mais alors que l’on pourrait imaginer un travail frontal et systématique d’argumentation, une étude menée sur le sujet révèle une approche beaucoup plus subtile. Gary King, Jennifer Pan et Margaret E. Roberts, chercheurs à Harvard, ont en effet montré que le travail des membres du Fifty Cent Party relève plus de la distraction, du “noyage de poisson”. Une application directe et efficace du “Don’t feed the troll” et un aperçu édifiant de ce que peut être la propagande numérique.
Pour bien comprendre la dimension industrialisée de la pratique, je laisse ici quelques repères. La production de “faux” commentaires représente chaque année 488 millions de messages. Toujours selon l’étude d’Harvard, cela toucherait entre 250 000 et 2 millions de personnes, embauchées par l’Etat. Une part importante des messages postés est positive, en témoigne la place des commentaires de cheerleading à retrouver dans le tableau ci dessous.
Lire l’étude sur le “50c Party”